Reporter de Guerre : Un métier indispensable ?

A l’occasion du dévoilement de la stèle commémorant les reporters de guerre décédés cette année, ainsi que le dévoilement de la stèle commémorant les reporters disparus, nous avons interrogé Jean-Claude Guillebaud, Président du Jury du Prix Bayeux-Calvados cette année, mais également écrivain et grand reporter ayant couvert de nombreux conflits comme la guerre du Vietnam par exemple.

Marie, Tristan et Ailvin discutant avec Jean-Claude Guillebaud.

Classe labellisée : Chaque année, ici, vous commémorez la mort des reporters, cela ne vous rend pas un peu pessimiste sur l’avenir du monde ?

J-C Guillebaud : Non. Je dirais même que c’est le contraire. Évidemment, c’est triste de commémorer la mort de ses confrères, mais c’est aussi rendre hommage au courage, et tant qu’il y aura des gens courageux pour aller chercher la vérité qu’on essaye de cacher au monde, essayer de la dire, de débusquer des mensonges, il y aura de l’espoir. Cela veut dire qu’à chaque fois, malgré le danger et malgré les guerres de plus en plus dangereuses, il y a encore, notamment des jeunes, qui ont le courage d’aller chercher la vérité avec enthousiasme. Donc c’est comme ça que je l’interprète. Ça ne me rend donc pas triste au contraire, ça me donne plein d’espérance. Le jour où il n’y aura plus de reporters qui accepteront de risquer leur vie, là il faudra s’inquiéter vraiment.

Classe labellisée : Et, est-ce que vous pensez que la jeunesse, qui maintenant s’intéresse de plus en plus à l’actualité, peut changer les choses et vraiment les faire bouger ?

J-C Guillebaud : Oui, je vais vous faire une petite confidence :

Quand j’étais étudiant, il y a bien longtemps à la fac, j’étais à la cité universitaire de Bordeaux, et dans ma chambre j’avais un poster accroché au mur, comme tout le monde. Et moi c’était un poster de Che Guevara (représentant la bagarre, la rébellion). Maintenant les gens qui ont l’âge que j’avais à cette époque, ont le plus fréquemment dans leur chambre des posters de Nelson Mandela, Martin Luther-King, et Gandhi qui sont trois personnes pacifistes et non-violentes. Si vous croyez que ce n’est pas un signe d’espoir ! Ça veut dire que la jeunesse commence à comprendre que c’est une connerie absolue de faire la guerre. Alors, c’est déjà bien qu’elle le comprenne sans perdre pour autant son courage.

Classe labellisée : Merci beaucoup de nous avoir répondu !

J-C Guillebaud : Merci à vous pour vos questions !