Reporters de guerre

Des lycéens au cœur du prix Bayeux Calvados

Du 3 au 9 octobre, nous avons été les acteurs privilégiés du prix Bayeux. Nos professeurs nous avaient choisis sur lettre de motivation. Certains voulaient devenir journalistes, d'autres, désiraient s'informer autrement sur ce monde complexe et bruyant qu'ils ne comprenaient pas bien. Et ce lundi 3 octobre au matin, nous fûmes 24 apprentis journalistes, réunis pour assister à notre première conférence de rédaction. Pendant une semaine, nous avons reçu des journalistes, des responsables d'associations humanitaires et de mouvements défendant les droits de l'homme, visité les expositions, mené des entretiens, couru pour obtenir une interview, fait de la radio, assisté aux soirées débats, écrit et publié des articles pour le blog, filmé des heures durant et discuté, beaucoup discuté. Nous avons développé notre esprit critique et compris que rien n'était simple et ne pouvait être simplifié comme ce conflit « oublié » du Congo. Rémy Ourdan qui a couvert le siège de Sarajevo, comme jeune journaliste il y a vingt ans, nous a fascinés et Marine Courtade, jeune vidéo-reporter « courageuse » nous a ébahis par sa simplicité et émus en parlant de Camille Lepage victime d'une embuscade et assassinée en Centrafrique il y deux ans. Et puis, le 4, lors de la projection du film Le ciel attendra, nous avons compris que les ramifications de la guerre pouvaient nous atteindre.

Le 6, une partie d'entre nous assistait à l'hommage rendu aux journalistes tués dans l'exercice de leur profession et dans le même temps une autre équipe interviewait Nicolas Demoran de France Inter après son émission en direct. Mais dès lundi. Jérôme Delay, en photographe chevronné, nous avait parlé de son vécu de journaliste et de ses expériences professionnelles. Au conseil que lui réclamait l'un d'entre nous, il avait franchement répondu, avec un brin d'humour: «Ne deviens pas reporter de guerre. Tu ne seras pas rémunéré au regard des sacrifices que tu auras consentis. Et puis je veux être le seul à exercer le plus beau métier du monde !» Ce parcours exceptionnel est maintenant achevé mais nous garderons en mémoire cette expérience très longtemps. Ces deux pages lui sont consacrées.

OZE