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"La peur est mon assurance-vie" - Arnaud Comte

  • Aude Bertrand et Antoine Spreckley
  • 4 oct. 2017
  • 3 min de lecture

Arnaud Comte est un jeune reporter de trente-deux ans originaire d'Orange dans le Vaucluse. Sa vocation est née au lycée où il participe à une radio lycéenne. Reporter depuis douze ans chez France Télévision, il a déjà couvert Fukushima, l’affaire Dominique Strauss-Kahn, la Syrie, l’Ukraine et l’Irak. Il se décrit comme le témoin de l’histoire et se donne le pouvoir «de faire avancer la démocratie». Dans quelques semaines, il sera à Raqqa, en Syrie.

Dans le contexte de guerre, comment les civils vous perçoivent-ils sur le terrain ?

A Mossoul, nous étions vus comme des étrangers mais l’accueil fut plutôt agréable. Les gens étaient heureux de nous voir et nous percevaient comme les symboles de la liberté et de la démocratie.

Ils semblaient, après deux années sous Daesh comme soulagés et réconfortés par notre présence . Nous voyant filmer librement, les personnes n’hésitaient pas à se confier. Ils nous racontaient leur vécu si compliqué et ressentaient par la présence de journalistes que le monde ne les avait pas oubliés.

Comment vous préparez vous avant de rejoindre ces zones de guerre ?

On est jamais prêts et on ne peut jamais vraiment se préparer. On nous apprend ,bien, les gestes de premiers secours mais sur place, c’est l’instinct de survie qui prime . La peur est une sorte d’assurance vie, quand on a peur, on fait les choses avec plus d’attention, on est plus attentif. Si on reste sur le terrain trop longtemps, une sorte d’habitude s’installe et l'on est moins vigilant. C'est pour cette raison que la chaine, notre employeur, fait tourner les membres des équipes de journalistes sur le terrain. Il faut aussi être en excellent forme physique, pour pouvoir fuir et sauver nos vies.

Quel est votre rapport avec les soldats ?

Nos rapports avec les soldats sont plus compliqués, notamment lors des combats où ils refusent parfois d’être filmés. Ils peuvent nous trouver trop insistants, ce qui peut mener à des discussions assez « rudes » Nous, leur laissons alors, la carte mémoire de la caméra mais l'on se débrouille toujours pour conserver l'un des deux enregistreurs de l'appareil. Mais nombreux, acceptent de se faire interviewer. L’armée Irakienne n'est pas une armée conventionnelle comme le sont les armées américaines et françaises qui contrôlent leur communication. Ici en Irak, il est très facile d'accompagner les combattants sur la ligne de front.

Pratiquez vous l'autocensure et en particulier lorsque les scènes à filmer sont insoutenables ?

Oui, cela nous arrive. Avec mon caméraman nous construisons nos reportages en fonction de leur horaire de diffusion et du format du reportage. La teneur des images du vingt heures sera différente de celles diffusées à Envoyé Spécial .

Nous devons aussi faire attention à ce que certaines de nos images ne puissent êtres détournées pour servir la propagande de Daesh.

Quel est le rôle de votre fixeur sur le terrain ?

Mon fixeur est extrêmement important : c’est un peu mon guide, il connait tout de la culture locale, les coutumes, les bonnes adresses et les gens à rencontrer.

Ils sont nos anges gardiens dans ces zones de guerre . Assez bien payés, le métier est très dangereux. Bakhtiyar Haddad parlait Kurde, Arabe, Anglais, et Français, sans lui je n'était rien et je ne faisait rien. Mais Bakhtiyarl a perdu la vie à Mossoul le 19 juin dernier. Il a sauté sur une mine.Véronique Robert et Stephan Villeneuve d'Envoyé Spécial ont eux aussi perdus la vie dans cette explosion.

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